Conférence à Sciences-Po Lille le 17 novembre
Sur l’invitation de Julien Rycx professeur d’histoire-géographie à Sciences-Po Lille, Elles aussi est intervenue avec deux femmes politiques pour la première partie d’un module de la formation des jeunes. La rencontre était ouverte à tout public, ce qui a permis un bel échange entre les générations.
Après une présentation d’études scientifiques sur la place des femmes en politique, Julien Rycx a exposé l’évolution de la parité et surtout de l’idée que la population se fait des femmes au pouvoir. Une image qui évolue dans le temps mais qui reste en France très patriarcale. De grandes inégalités subsistent entre les femmes et les hommes, dans les compétences, notamment dans les commissions parlementaires : La sécurité, les affaires étrangères, les finances souvent attribuées aux hommes, la famille, le social souvent attribués aux femmes.
En 2022, 16% des Français étaient contre avoir une présidente femme.
Trois invitées pour en parler :
- Odette Duriez, femme politique du Pas-de-Calais au parcours politique impressionnant de la mairie de Cambrin au Sénat en passant par l’Assemblée nationale et la vice-présidence au Conseil départemental du Pas-De-Calais. Membre d’Elles aussi où elle parraine la Marianne de la parité, ses premiers mots seront un hommage à la qualité et les valeurs de cette association.
- Violette Spillebout, députée de la 9ème circonscription du Nord, est entrée en politique comme collaboratrice de Pierre Maurois à la mairie de Lille puis de Martine Aubry comme cheffe de cabinet.
- Véronique Genelle, co-présidente d’Elles aussi responsable de l’antenne des Hauts de France depuis 2011.
Des parcours politiques différents. Comment entre-t-on en politique ?
- Odette Duriez est issue de mouvement de jeunesse MRJC (Mouvements Ruraux de Jeunes Chrétiens) pour lequel elle a quitté son poste de comptable pour être permanente, d’une famille très peu politisée. Elle est mère de famille quand le maire de Cambrin propose une place sur sa liste aux municipales. Le choix entre elle est son mari se fait en fonction de la disponibilité. Elle commence localement dans l’équipe du maire avec deux autres femmes. Elles partiront en formation et solliciteront une place d’adjointe pour l’une des trois. C’est ainsi qu’Odette devient adjointe puis maire ensuite. Un collègue vient la chercher pour être suppléante aux législatives. Cela la conduira à l’Assemblée nationale au décès de son député. La voie s’ouvrira alors pour le Conseil départemental où elles n’étaient d’abord que 3 femmes avant 2017. Elle reste pour soutenir les femmes qui arrivent alors grâce à la loi. Elle sera élue sénatrice en fin de carrière. Ce n’est qu’aux dernières élections départementales qu’elle quitte la vice-présidence du Conseil départemental et la vie politique. Elle reste active dans la vie locale.
- Violette Spillebout poursuit un parcours scolaire brillant sous la pression de parents professeurs exigeants mais son avenir, elle le voit dans la danse, la passion de sa jeunesse. D’une famille plutôt centre gauche, on ne parlait jamais de politique à table. Puis par une amie de l’école de danse, elle postule à la mairie de Lille. Elle apprend la politique sur le tard, dans un monde patriarcal au hasard des rencontres.
En 2001, c’est le choc : l’arrivée de Jean-Marie Le Pen aux 2nd tour motive son engagement à la députation et ensuite en tête de liste aux élections municipales de Lille. - Véronique Genelle partage son temps entre la correspondance de presse pour la Voix du Nord, son métier de professeure des écoles et sa famille de quatre enfants. Le maire vient la chercher en 1994 mais elle refuse, alors son mari rejoint la liste et devient maire, la tête de liste ayant jeté l’éponge 3 semaines avant les élections. Après deux mandats, Véronique reprend le flambeau avec moins de chance puisqu’elle sera élue en minorité, seule de sa liste. Pour faire plaisir à une amie, elle va à une réunion d’Elles aussi et elle entend : « Même si tu es toute seule, tu n’es pas rien, tu rends un grand service à la démocratie ». Alors commence une belle aventure avec Elles aussi : un réseau né de 5 assos très différentes avec un principe Femmes ET Hommes à égalité.
Quelle différence entre hommes et femmes dans les équipes ?
- Cela évolue doucement – la reconnaissance se fait par le travail qu’on fait – débuts sont difficiles
- Madame le maire ou la maire ???? Le langage a son importance.
- Odette a perçu les différences vis-à-vis des domaines de compétences
- Peu d’élues en 1989
- Violette et son arrivée à la mairie de Lille – 1997
- Pierre Mauroy qui est maire
- Collaboratrice au bureau du maire
- Sent le côté genré du pouvoir – beaucoup de vieux élus
- Ne s’est jamais sentie victime mais éduquée comme si c’était normal – remarque sur les jupes – pas choquée sur le moment
- Force de l’homme par rapport à la jeune femme qui arrive en politique – cela a beaucoup changé aujourd’hui
- Ne sent pas toujours à l’aise en robe
- « Il faut demander un statut et un salaire, la place que tu auras se détermine dès le début » rappelle Violette
- Il faut que le titre corresponde à la fonction
- Très important dans la légitimité de la place de la femme – c’est très important le titre – le titre fait la fonction et la responsabilité
- On en parle plus, c’est une bonne évolution
- L’engagement des femmes est reconnu dans la société de plus en plus de femmes s’engagent
- Entraide entre les femmes face aux agressions sexuelles
- Dans la politique – codes très dur – qui disparaissent avec le temps grâce à l’engagement des femmes.
- Les femmes travaillent plus que les hommes mais se sentent moins légitimes
- Les femmes elles-mêmes se mettent des barrières
- A l’Assemblée nationale, la place des femmes est reconnue, Violette est attentive aux postes à responsabilités, sur les missions. Elle préside pour la première fois, elle vit l’entraide entre les députées même entre les partis politiques différents.
- Les députées qui prennent de la place dans les partis politiques permettent cet engagement des femmes et des hommes.
Elles aussi travaille l’intergénération en proposant des stages qui ont permis de mener à bien :
- La Marianne de la parité – grande étude pour étudier la parité dans les intercommunalités non soumises aux lois de la parité pour comprendre la place des femmes dans les vice-présidences
- Grandes disparités d’une communauté de communes à l’autre.
- Étude sur les femmes maires est en projet pour leur bilan :
- Leur façon de manager n’est pas la même que les hommes
- Comment les femmes maires se projettent-elles dans le futur. Ont-elles déjà réfléchi à se représenter ? Les hommes, c’est sûr.
- Métropole Européenne Lille : sur 20 personnes – 5 femmes mais « tout le monde est pour la parité »
Professionnalisation du métier de politique
- Loi de la parité de 2000
- Rien n’est acquis – la parité pr les femmes il faut la gagner tous les jours
- Débat dans les petites communes – de moins de 1 000 hab, pas de parité obligatoire
- Des partis nationaux sont très loin de la parité et préfèrent payer de lourdes amendes pour garder des hommes au pouvoir.
Les femmes au pouvoir permettent une référence pour les jeunes générations. Ainsi, Elisabeth Borne dans son message lors de ses passations de pouvoir à l’intention des petites filles. Odette Duriez s’adressera aux jeunes pour les encourager et les jeunes questionneront les intervenantes avec beaucoup de gratitude et de respect.
En conclusion :
La parité avance mais elle est fragile :
L’entre soi masculin règne malgré tout.
Tout est dans l’éducation
- Les progrès viennent de l’éducation
- Besoin d’une égalité entre les noms
- Procès de l’incompétence – très présent chez les femmes surtout venant des hommes plus âgés
- Ne pas laissez passer les comportements sexistes.
- Faire très attention aux réseaux sociaux
D’après les notes de Kélia Daubenfeld et son amie Jeanne élèves à Espol-Lille