29 mai 2015 : De l’Espagne : Si,se puede avec les femmes
On les avait vues l’hiver dernier, mobilisées contre le projet de loi du gouvernement espagnol qui tendait quasiment à supprimer le droit à l’IVG.

Avec beaucoup d’énergie, d’inventivité et de détermination, elles avaient  entraîné toute l’Espagne à descendre dans la rue pour défendre la  liberté des femmes  de  décider pour elles-mêmes, et au-delà  en Europe beaucoup de mouvements les avaient rejointes. « El tren de la libertad » depuis le nord de l’Espagne et  des autocars depuis partout ont conflué sur Madrid le 1er février 2014, les  banderoles « yo decido » ont pavoisé la ville et peu après le gouvernement a retiré son projet de loi.
En ces journées de campagne pour les élections municipales et régionales, en mai 2015, on les a retrouvées, nombreuses, « indignées », soutenues par « Podemos » ou simplement citoyennes en révolte. Elles ont mené des campagnes de terrain, peu coûteuses, exemplaires, centrées sur la vie quotidienne que la crise économique et les réponses proposées ont rendue si insupportable à nombre de citoyens espagnols : transports, soins médicaux, soutien aux plus démunis, gestion citoyenne, etc. Héritières de la tradition de mobilisation féministe dans la transition du Franquisme à la Démocratie, elles ont gagné une victoire morale, cassé la résignation et redonné l’espoir; la victoire politique va demander encore du travail.
Deux d’entre elles apparaissent en tête, deux femmes de générations et de parcours différents. A Madrid, l’ancienne juge Manuela Carmena, qui n’a jamais exercé la politique durant sa carrière s’enthousiame «  C’est vous les gens de la rue qui allez gouverner à travers moi et mon équipe ». A Barcelone, Ana Colau, militante anti-expulsion, qui il y a quelques années, tirait le diable par la queue, a toutes les chances de devenir Maire.